Objectif-îles; les News 10 - septembre 2002
Vos hôtes
Les croisières

fin 2002 et 2003

N°10 septembre 2002

Dimanche 1er septembre 2002

Arrivé dans la douleur, contre le vent, la houle et les courants, « Alizé » est au mouillage dans l’avant-port d’Empedocle, une petite ville portuaire située au milieu de la côte Sud de la Sicile.

07h00 ; un énorme bruit d’explosion. Jacques se réveille en sursaut d’un profond sommeil. Ça y est, il est persuadé que le catamaran a tapé ou a reçu un choc. Le temps d’enfiler un short, il sort pour constater les dégâts. Dehors, rien, pas le moindre incident, mais des énormes pétards qui éclatent à intervalles réguliers au-dessus du port pour marquer le début de la fête annuelle en l’honneur d’un saint local. Encore tremblant de crainte, Jacques se remet lentement de ses émotions. Il fait beau, le vent est tombé. Sûr que si le plein de fuel était fait, le bateau partirait de suite pour poursuivre sa route. Mais ce n’est pas le cas. Il faut procéder au remplissage en versant l’un après l’autre 5 jerricans de 20 litres. Rendez-vous à été pris hier avec Guiseppe, 62 ans, sympathique habitant d’Empedocle à la retraite qui s’est proposé pour apporter les jerricans vides à la station d’essence la plus proche. À 09h30, un bruit de barque de pêche se fait entendre. De plus en plus proche. Lysiane sort et prend peur en voyant la barque se rapprocher à toute vitesse du catamaran. Mais c’est Guiseppe qui arrive pour procéder au ravitaillement. Le temps de charger les jerricans, de retourner au port de pêche, puis d’aller à la station d’essence faire le plein et de revenir, Guiseppe propose même à Jacques de l’accompagner le lendemain à la pêche. Voilà une de ces propositions qui feraient un souvenir mémorable, comme la participation à la fête ce soir avec feux d’artifice, musiques et chanson. Il faut malheureusement renoncer en raison du long trajet qu’il reste à faire jusqu’aux Baléares où arrive Claude le 5 septembre prochain. Après un café, Guiseppe repart dans sa barque avec un billet de 20 Euros. Merci pour ta gentillesse, voilà un contact qui fait du bien. La météo annonce une amélioration, avec une atténuation des vents de Nord-Ouest. Le départ est fixé à ce soir pour profiter des éventuelles baisses de vent de la nuit. 20h00, à la tombée de la nuit, « Alizé » quitte Empedocle pour une longue traversée secouée. C’est bien le cas, puisque 3 heures plus tard, après avoir slalomé à travers des dizaines de bateaux de pêche, l’enfer continue avec 20 nœuds de vent contraire et la houle en face. Le catamaran avance à peine à 4 nœuds, secoué comme un prunier. Ce canal de Sicile est vraiment terrible à passer.

Lundi 2 septembre 2002

03h00. Dans la nuit, c’est une surveillance permanente des pêcheurs et des chalutiers. Au large de chaque port important comme Empedocle ou Sciacca correspond une zone de pêche avec de nombreux bateaux. L’écran du radar en affiche toujours 3 ou 4. dans ces conditions, la nuit passe vite. Après un moment d’accalmie, la houle recommence en raison des grandes variations de niveaux du fond de la mer et des hauts-fonds de moins de 100 mètres. À 06h00, Jacques n’a pas dormi de la nuit. Il a l’impression d’avoir passé dans le tambour d’une machine à laver. C’est Lysiane qui le remplace pour le quart du petit matin. Babou, lui, a bien dormi et il se régale en voyant de gros dauphins venir jouer longtemps devant le bateau. À 11h30, enfin après plus de 15 heures au moteur, la grand voile est hissée, le vent tournant au 320°. Hélas, 2 heures plus tard, retour au cas type, route au 295°, le vent dans le nez. La fin de la journée se passe sans changement. Vivianne et Jacques ont établi les programmes définitifs pour les croisières de fin 2002 et 2003. Réservez vos croisières en juin 2003 à Trinidad et Tobago ou en novembre – décembre 2003 aux Grenadines. Vivianne fait son quart jusqu’à 23h30, Jacques terminera la nuit en somnolant par 1/2 heures d’intervalle.

Mardi 3 septembre 2002

Bon anniversaire cher Jean-Claude Lisle !! La mer se calme, ça fait du bien. La grand voile peut même être remontée le matin pour profiter un peu du vent qui est d’Ouest. Cette nuit, dans ses réflexions qui ne manquent pas durant les heures solitaires des quarts, Jacques a eu un flash. A-t-on tenu compte du rabais global accordé par le vendeur dans le contrat de vente du Lagoon 410 ? à vérifier de suite !!! Aussitôt dit, aussitôt fait. Dès que le catamaran est suffisamment proche de la côte sud de Sardaigne, Jacques téléphone à Jean-Georges Bordes. Après contrôle, il s’avère qu’effectivement Jean-Georges n’a pas tenu compte du poste divers et imprévus et du mode de décompte ouvert inclus dans la vente. Il s’est simplement arrangé pour que sa marge initiale soit maintenue tout au long des variations du montant. Il doit bien un total de 12'538 Euros à Jacques !! Celui-ci se demande encore aujourd’hui comment il a pu laisser passer une bévue pareille, lui qui est en général si organisé et méticuleux….. Un nouveau contact sera pris à l’arrivée à Minorque. Dans l’intervalle, chacun réfléchi à l’application d’une solution raisonnable pour chacun. 12h15 arrivée devant la petite marina de Cala Verde, au Sud de Cagliari, en Sardaigne. C’est l’endroit le plus proche de la route qui mène aux Baléares pour faire le plein de fuel. Seulement voilà, l’entrée de la marina est trop étroite pour le catamaran. Alors « Alizé » mouille devant le port, remplit les réservoirs avec 8 jerricans de 20 litres et va faire le plein en annexe à la station diesel. Une habitude !! En un peu plus de 1 jour et 1/2, le catamaran à avaler 247 miles, le tout au moteur. À 13h30, le ravitaillement terminé, le bateau repart, direction Porto Malfatano, une belle crique profonde au Sud-Ouest de l’île. L’équipage va pouvoir se reposer l’après-midi avant d’affronter les 230 derniers miles jusqu’à Minorque. Au mouillage, Jacques profite de balancer les 55 mètres de chaîne pour la laver de la boue gluante remontée à Empedocle. Le puit du guindeau est noir de boue. Les rivages sont presque déserts, avec de longues plages de sable blanc. Du vrai sable, pour faire de beaux châteaux, pas comme en Croatie. Tout le monde se régale. De retour au bateau, Jacques et Lysiane nettoient les coques de nouveau recouvertes d’une fine couche d’algues et grises de produits pétroliers. Les fixations des hélices sont également contrôlées, étant donné que celle de tribord ne s’est pas embrayée tout à l’heure lors des manœuvres de mouillage. Un téléphone à Jean-Claude Chardon, le spécialiste qui a posé les équipements de navigation et ménagers, confirme qu’il viendra changer le radar et contrôler l’alimentation de la machine à laver entre le 9 et le 12 septembre prochain à Palma de Mallorque. C’est le départ à 20h00. la météo est bonne. Le vent est d’Ouest, force 2 à 3 et devrait tourner Sud, Sud-Est plus tard. Avant de s’éloigner des côtes, il faut de nouveau zigzaguer entre les bateaux de pêche.

Mercredi 4 septembre 2002

Vivianne veille jusqu’à 01h00 et regarde JFK à la télévision. Il y a un taux d’humidité incroyable, tout est mouillé. À 02h15, Jacques peut enfin hisser la grand voile avec un vent arrière SE de 5 nœuds. 1/4 d’heure plus tard, il déroule le genaker. Le vent est au 170°, 6 nœuds. Le cap d’ « Alizé » est au 290°. 02h45, arrêt des moteurs, le vent est de 10 nœuds au 215°. C’est le libério. Le catamaran avance à 6,3 nœuds, super. En début d’après-midi, le vent tourne au SW, 250° voire plus, force 5 à 6. une ligne directe sur Mahon met de nouveau le bateau face au vent. Se confiant aux prévisions météo, qui annonce du vent de S pour la zone de Cabrera ou du N pour Minorque et Sardaigne, Jacques quitte la ligne directe pour avancer NW à 40° du vent. Mais le vent tourne de plus en plus Ouest. Vivianne veut assurer son arrivée le lendemain pour accueillir son père. Alors à 15h15, retour au cap direct sur Mahon, aux moteurs et grand –voile. Une heure plus tard, le vent est tombé à 10 nœuds, Nord-Ouest, allez comprendre !! à 18h30, les vents ont bientôt fait le tour du cadran en s’établissant au 345°, 12 à 15 nœuds. « Alizé » retrouve le bon pré à 6 nœuds. C’est étonnant comme les houles des vents précédents s’estompent rapidement. Le dessalinisateur est branché pour renouveler l’eau douce. Le soir, Vivianne fait un super repas, comme d’habitude. Tranches pannées, mousseline, sauce, salade. Tout le monde se régale, y-compris Babou qui a retrouvé tout son appétit. Il est adorable depuis sa guérison, même si le contact avec Lysiane n’est toujours pas ça. Il fait de gros progrès dans plusieurs domaines ; les couleurs, les formes, l’ordinateur et le langage. Il sort des phrases tout entendues comme : « Est-ce que tu comprends le français » ou « pas de bol ». le miroir des parents !! à 20h30, début des quarts. Le radar tombe définitivement en panne. L‘arrivée prévue au petit matin à Mahon ne va pas être facile au milieu des pêcheurs. Jacques règle alors la vitesse pour une arrivée vers les 08h00.

Jeudi 5 septembre 2002

Lysiane et Vivianne assurent les quarts tout le début de la nuit jusqu’à 03h00. Bravo les filles. Il fait froid et les nuits sont longues avec le jour qui se lève à 07h00. Vivianne enregistre Jacques en train de ronfler, allongé sur la canapé du carré. Quelle horreur lorsqu’elle lui passe l’enregistrement le matin. À 07h30, le bateau est à 3,5 miles de Mahon, tout c’est bien passé. Il aura fallu 15 jours pour revenir de Croatie aux Baléares !! à 09h00, après avoir pénétré dans l’immense calanque de Mahon longue de 2,5 miles, « Alizé » s’amarre sur le ponton flottant de l’Isla Cristina, isolé au milieu de la crique et parfaitement équipé en eau et électricité. Les places sont chères ici et le quai est comble. Le tarif est de 76 Euros pour 2 nuits. Depuis le départ d’Hendaye, le loch indique 5'012 miles, soit près de 9'000 kilomètres, ce qui représente 41 miles par jour !! Le monde de la voile est petit et c’est une grande joie de croiser Pierre Aessig et sa famille, rencontrés à Ajaccio en juillet passé. Ils partent pour un ou deux jours dans les calanques et reviendront pour le week-end, car c’est la grande fête à Mahon, la « Festes des Gracia » qui dure jusqu’à lundi prochain. La matinée est occupée par les nettoyages, le plein d’eau et la machine à laver tourne à plein régime. Babou et son papa partent faire une virée en ville pour découvrir un super marché aux poissons. Les prix sont super aussi. Le St. Pierre est à 24 Euros le kilo alors qu’il était à 7 Euros en Sicile. Remplacement de la bouteille de camping-gaz et achat d’huile moteur. Les shipchandlers sont bien achalandés mais là aussi, les prix sont élevés. À 15h30, Claude arrive comme prévu pour passer une semaine à bord « Alizé ». quel plaisir de le revoir. Babou est aux anges car dans ses bagages, Claude apporte les DVD des « 101 dalmatiens » et de « La Belle et le Clochard II ». Le temps est maussade et le vent violent, il fait bon être à l’abri ici. Comme convenu, Jacques appelle Jean-Georges Bordes qui lui confirme lui devoir une reconnaissance d’avoir sur la vente du bateau. Reste à se mettre d’accord sur le montant et les modalités de paiement en déduisant le prix du nouveau PC portable que fournira Jean-Claude Chardon pour le standard C. Le soir, repas en ville pour fêter la venue de Claude. Curieusement, tous les restaurants sont concentrés le long des quais. Il y en a très peu dans la ville surélevée par contre envahie de boutiques. Avec son feeling habituel pour les lieux luxueux Vivianne choisi un super restaurant. Le repas est gastronomique, les plats sont délicieux, le service de 1ère classe et le vin somptueux. 120 Euros pour 4 personnes.

Vendredi 6 septembre 2002

Toujours froid et couvert. Pendant que la famille part en vadrouille pour découvrir la très jolie ville de Mahon, Jacques fait la maintenance des moteurs et des sails-drives. 4 vidanges à 710 heures moteur et changement des filtres à huile. L’huile chaude bouffe littéralement les tuyaux plastiques de la pompe de vidange. Il faudra acheter de la réserve. De même pour les filtres à huile dont il ne reste à bord plus que 2 exemplaires. Babou revient avec un petit train électrique offert par son grand-père. Pour lui, c’est tous les jours Noël !! Comme la météo n’est pas bonne, la décision est prise de rester le week-end pour assister à la grande Fête en ville.

Samedi 7 septembre 2002

Pierre, Christiane et Olivier sont de retour au mouillage de Mahon. Ils accompagneront la famille Gauthey ce soir pour admirer le spectacle de la « Cavalcade » dans les rues étroites de la ville. La « Festes del Gracia » débute en fait dès la mi-journée par une démonstration d’acrobatie des jets de la patrouille d’Espagne au-dessus de la ville. Les 7 avions sont éblouissants par leurs performances. Le soir, le défilé des dizaines de chevaux et leurs cavaliers se faufilant au milieu de la foule, en faisant à celui, ou celle qui fera faire la plus longue ruade à sa monture est indescriptible. Il y a des milliers de personnes et l’ambiance est assurée par des tonneaux de « Pommada », un mélange de gin et de soda-lemon (un gin – KAS). Il faut dire que Mahon à la grande spécialité de produire un gin local qui est fameux et bien plus parfumé que le gin anglais. Demain, départ pour Mallorque.

Dimanche 8 septembre 2002

À 08h15, « Alizé » quitte ce magnifique mouillage de Mahon, qui restera un grand souvenir. Pour Claude, c’est la grande découverte de la mer, lui qui n’a fait que quelques dizaines de miles au moteur sur le catamaran cet été sur la Côte d’Azur. On le sent plus nerveux que d’habitude, c’est dire, lui qui l’est déjà pas mal au naturel !! À la sortie de la calanque, l’équipage est cueillie par un vent de SW de 18 nœuds, avec une grosse houle. Au bon pré, un ris dans la grand voile, le bateau avance bon train. Claude essaye de tenir le choc, lui qui a eu une alerte cardiaque en mai dernier. Mais à 10h00, il a des palpitations alarmantes. Il prend un médicament et va s’étendre. À 10h30, ça ne va pas mieux, il vomit tous ses boyaux. Vivianne décide de faire demi-tour. Une décision raisonnable étant donné qu’il reste près de 7 heures de navigation jusqu’à destination. Par SMS, Vivianne fait réserver une place d’amarrage au mouillage de Mahon, via Pierre qui est sur place. Suite du programme ; Claude, Vivianne et Babou se rendront à Palma en ferry ou en avion. Jacques partira demain matin avec Lysiane pour 2 jours de navigation de jour. 12h00 ; « Alizé » est de retour dans la calanque. Impossible de faire du fuel, la seule station diesel maritime est fermée en raison de la Fête. Ces Espagnols sont quand même incroyables. Il y a bien plus de mille bateaux ici et il n’y a pas une station d’ouverte. 12h30, le catamaran est amarré à la même place qu’il a quittée ce matin. Claude va mieux, il revit. Il aura tout de même fait 26 miles en mer. Avant même d’avoir posé le pied-à-terre, Vivianne, la super G.O. s’organise pour rejoindre Mallorque. Résultat ; elle réserve des vols Ibéria demain à 11h45 pour Palma (80 Euros par personne et 46 Euros pour Babou). Elle trouve aussi un hôtel tout proche du port de Palma, le « Melia Palace Athenia », 4 étoiles, piscine en bord de mer, à 108 Euros la chambre avec le petit-déjeuner. Pierre se propose pour accompagner Jacques et Lysiane, il a très envie de tester du catamaran et rentrera en ferry. Une proposition que Jacques accepte aussitôt, c’est génial. La météo du soir est correcte sans être plus avec un vent d’Ouest 3 à 4, plus ou moins de face, qui va secouer le bateau durant la traversée jusqu’à la côte Sud-Est de Mallorque. En soirée, l’équipe se régale des feux d’artifices tirés juste au-dessus des bateaux et Lysiane rejoint Pierre et sa famille pour assister aux courses de chevaux organisées à nouveau dans les ruelles de Mahon.

Lundi 9 septembre 2002

Temps d’automne, brumeux. À 08h15 Jacques amène en annexe Vivianne, Claude et Babou au bateau de Pierre, amarré à une bouée un peu plus loin. Ils y resteront jusqu’à l’heure de l’avion. Retour sur « Alizé » avec Pierre et préparation au départ. La météo est correcte, même si le vent annoncé est contraire. Au moteur, grand voile et génois, le catamaran avance à 7 nœuds à 15-25° du vent entre 10 et 20 nœuds. Pierre est estomaqué de la stabilité à bord. Prendre un repas à table dans le cockpit dans ces conditions n’était pas imaginable pour lui. À 16h00, le vent tourne Nord le long de la côte Sud-Est de Mallorque. Toutes voiles dehors, « Alizé » trace à 7 nœuds. Jacques a choisi la calanque la plus sauvage de la côte selon les guides. L’anse « Magraner » (39° 29,1 N 3° 17,29 E) se divise en deux branches dès qu’on y pénètre. Après de longues manœuvres, le bateau est mouillé par 3 mètres de fond, 50 mètres de chaîne à l’avant, 35 mètres de bout sur un rocher à l’arrière bâbord et une 2ème ancre sur le côté à tribord. Seul, à une quinzaine de mètres des falaises, c’est magnifique et totalement sauvage. Seules des cavernes troglodytes viennent agrémenter les parois verticales de la calanque. La plage est déserte, nature, les galets sont recouverts d’algues séchées poussées par la houle du large. En début de soirée, un voilier de location, avec des allemands à bord, vient pourtant essayer de mouiller juste à côté de nous alors qu’il n’y a manifestement pas de place. Quelle inconscience. Finalement ils dégagent à l’avant de la calanque. Après les grillades et quelques verres de vins, Pierre prend la guitare en main et régale l’équipage de ses talents. Les blues se suivent et après s’être fait longuement priée, Lysiane se lance à son tour dans des improvisations à la flûte. La soirée se termine en regardant le film de la transat « Antaeus » 2001 réalisé par Jacques.

Mardi 10 septembre 2002

C’est l’anniversaire de Lysiane, 20 ans aujourd’hui !! Ce matin, il fait beau, 16°C, sans vent. « Alizé » longe la côte, défigurée par endroits par les constructions de tous styles, reflets des différentes époques du tourisme de masse. Vivianne réserve une place d’amarrage à la marina Palatan Méditerranéo pour 55 Euros la nuit, alors qu’il en coûte 75 Euros au Real Club Nautico. Arrivée à 15h00. Depuis la terrasse de la piscine de l’hôtel, tout proche, la famille Renard peut observer les manœuvres. Babou est tout heureux de retrouver le bateau et son papa. Avec la voiture louée pour deux jours, c’est la balade à travers cette immense ville qu’est devenue Palma de Mallorque. Tout est axé sur le tourisme. Hier, Babou s’est régalé sur les attractions de Marineland, aujourd’hui, il est trop tard pour visiter Aqualand qui ferme ses portes à 17h00. Tout le monde profite de la piscine de l’hôtel, un véritable palace !! Son coût est de 238 Euros, y-compris les soins esthétiques pour Vivianne, la visite de Marineland et le bar. 3 francs et 6 sous, comme dit Vivianne. Avec l’avion, les taxis, la voiture, elle vient de dépenser 900 CHF en 2 jours, une paille quoi !! Profitant de la voiture et des offres des nombreux supermarchés en ville, Vivianne part à Carrefour pour faire le plein de boissons et de vins espagnols si appréciés. Dans la journée, Pierre organise son retour sur Mahon pour demain matin. Il partira en ferry d’ Alcudia, à l’opposé de l’île, où il rendra la voiture. En fin de soirée, Pierre et Lysiane profitent pour sortir et découvrir la vieille ville de Palma et sa vie nocturne.

Mercredi 11 septembre 2002

Après une courte nuit, Pierre est parti à 05h30 pour Alcudia. Merci de ton amitié et au grand plaisir de te revoir. À 10h30, enfin, Jacques reçoit des nouvelles de Jean-Claude Chardon par l’intermédiaire de son fils. Il a des problèmes de communications avec son portable, mais il est bien présent à Palma. Le contact fini par s’établir et c’est un grand plaisir de le revoir à bord après 4 mois. Pendant que le changement du moteur du radar s’effectue et que les circuits électriques sont testés pour analyser le fonctionnement de la machine à laver le linge, la famille part pour la journée au parc d’attractions d’Aquawestern. Après de multiples contrôles, il s’avère nécessaire de faire venir un concessionnaire représentant du générateur « Penda » pour tester les niveaux de fréquence produits par le groupe électrogène. Ce ne sera pas possible ici. Jean-Claude retourne à son championnat du monde de pêche au thon qui a lieu cette semaine. En soirée, Claude régale tout le monde de son fameux gâteau au fromage.

Jeudi 12 septembre 2002

Les news de juillet sont à jour. Jacques ne sait comment faire pour se connecter avec son portable dans un cybercafé après 3 essais infructueux. Soit les gens refusent, soit les données techniques de connexion au réseau sont fausses. Finalement, c’est en se rendant à un bureau de téléphones publics et en se connectant au réseau téléphonique local sur un numéro spécial que le site internet d’ « Objectif-îles » peut être mis à jour. Voilà la solution pour les prochaines escales. À 14h00, Claude quitte sa famille pour rentrer en Suisse après une semaine de séjour. Il aura bien profité de son petit-fils et de sa fille, qu’il ne reverra sûrement pas avant juillet de l’année prochaine. Il aura aussi constaté que la navigation en mer n’est pas son truc. Bon retour Claude et que ta santé reste la meilleure. Comme un grand, sans téléphoner préalablement, l’ami Christophe Dummermuth embarque à 18h00 pour partager une semaine de croisière sur « Alizé ». Toujours aussi jovial, il met tout le monde dans sa poche, y-compris Babou qui se régale. Lysiane est déjà nettement plus surprise par le contact facile de Christophe. Jacques est franchement déçu du fait que sa fille Létitia ne se soit pas donné la peine de contacter Christophe pour lui donner les nouvelles lunettes de vue commandées en Suisse, après leur perte en Croatie. Pas de temps à perdre pour découvrir les nuits aux Baléares, les jeunes sortent le soir pendant que Jacques fait le papy-sitter.

Vendredi 13 septembre 2002

Pluies et orages ce matin. Le nouvel ordinateur portable que Christophe a apporté avec lui ne se connecte pas au standard C malgré tous les essais possibles, les téléphones à Jean-Claude Chardon et à un bureau spécialiste en France. C’est incroyable, le port de sortie n’est pas reconnu par le logiciel. Il faut renvoyer le PC à Arcachon. Finalement tout le monde part se balader dans la vieille ville, charmante, animée, pleine de boutiques, de terrasses. Au hasard d’une ruelle, Jacques profite de la présence d’un petit salon de coiffure pour se refaire une coupe. En passant devant une armurerie, il se renseigne sur les modalités permettant d’acquérir des armes à feu à bord du bateau pour avoir un moyen de défense en cas de nécessité. Selon les vendeurs, son passeport suisse lui permettrait d’acheter un fusil à pompe et un pistolet 22 long rifle en déclarant quitter définitivement l’Union Européenne. Les démarches consisteraient à laisser les armes à la Guarda Civile jusqu’à la date du départ. Ceci pourrait se faire demain. À réfléchir. Finalement, Mallorque est pleine de charme et pourquoi ne pas imaginer acquérir un petit logement pour y séjourner quelques semaines par année dans le futur. Cela pourrait être un bon placement. Ce soir, les mecs à bord sont de sortie. Christophe a non seulement l’habitude de sortir, mais il a une capacité d’absorption de boissons alcoolisée que Jacques n’a manifestement pas et pourtant il ne crache pas dans son verre loin de là. Mais les whiskys défilent trop vite et le retour à bord à 05h00 du matin est plutôt épique pour le skipper. Christophe lui n’en demande pas tant, repart seul dans la nuit et c’est à 07h00 qu’il rentre finalement au bateau.

Samedi 14 septembre 2002

Le réveil est dur, dur ce matin. Les femmes du bord se moquent copieusement de la piteuse mine des buveurs nocturnes !! Jacques renonce à se rendre en ville pour acheter les armes à feu. De toute façon, vu son état, les gendarmes lui aurait fait souffler dans le ballon !! 12h00, départ après avoir fait le plein de fuel. À ce jour, le bateau a consommé 3247 litres de diesel pour 734 heures de moteurs, soit 4,42 litres/heure pour les 2 moteurs. À 13h30, « Alizé » mouille au milieu de la « Cala Portals » la seule calanque proche de Palma, direction Ouest. Il y a un bateau tous les 10 mètres !! Il y a tellement de monde que le catamaran est obligé de remouiller l’ancre lorsque le vent change de 180° de direction. Mais il fait beau, chaud et l’eau est à 26°C. Le soir, super côte de bœuf au barbecue et repos avant le départ pour Ibiza à 01h00 du matin.

Dimanche 15 septembre 2002

Dans la nuit, départ au moteur faute de vent, pour changer. Lysiane et Jacques font le 1er quart jusqu’à 03h30, puis Vivianne et Christophe, qui s’endort, font la suite jusqu’à 06h00. Il faut constamment guetter les filets de pêcheurs, omniprésents. À 09h00, le catamaran mouille à la Cala San Vicente, au Nord-Est d’Ibiza. La grande plage de sable blanc à beau être belle, l’architecture désuète du complexe hôtelier donne l’envie de repartir tout de suite. C’est le cas à 14h30, après avoir regardé en direct à la télévision espagnole le départ du grand prix de Formule I de Monza pour le plus grand plaisir de Christophe. Le bateau longe la côte découpée et encore sauvage en contournant la pointe Moscarte jusqu’à la Cala Portinax. Dans l’après-midi, « Alizé » mouille par 7 mètres de fond. Toutes les rives de la calanque sont bâties. Là aussi, l’urbanisme laisse une impression de dépassé. Cela fait penser aux années 70. Les constructions à Palma étaient nettement plus contemporaines et agréables à l’œil. Descente à terre. Derrière la belle plage de sable blanc, il y a un vieux parc d’attractions aquatique avec des toboggans géants. Babou ne saurait manquer ça, même si le prix est de 15 Euros par adulte et 8 Euros par enfant !! En contacts réguliers avec Philippe Bourgeat, l’organisateur du rallye des Îles du soleil, la demande d’un ou d’une équipière supplémentaire pour le parcours Baléares – Canaries se confirme avec la venue d’Hélène, une jeune femme Française, qui rejoindrait le bateau le 23 septembre à Ibiza et rentrerait le 13 octobre depuis Ténérife. D’autre part, Philippe garantit à Jacques de lui fournir un équipier pour la traversée sur le Brésil. Ce soir, Jacques téléphone à Létitia dont il est sans nouvelles. Elle fait preuve d’une vraie mauvaise foi à propos des lunettes de vue à remplacer, en déclarant qu’elle pensait que Christophe venait une semaine plus tard sur « Alizé » !! Elle a intérêt à les apporter à Ténérife !! Vivianne régale son monde avec des endives au jambon et la soirée se termine par le fameux jeux de cartes du barbu. Malgré tous les efforts des joueurs, c’est Lysiane qui gagne, bravo.

Lundi 16 septembre 2002

C’est la grisaille pour ce Jeûne Fédéral Suisse. Des pluies éparses, un petit vent de SE 2 à 4, 20°C. heureusement, il y a la télévision à bord !! « Alizé » lève l’ancre à 10h30 et toutes voiles dehors longe la côte Nord-Ouest d’Ibiza sur une mer d’huile. Les rafales qui descendent des montagnes atteignent 22 nœuds. Le bateau fait des pointes de vitesse à 8,4 nœuds sous genaker. Celui-ci crée beaucoup de difficultés lorsqu’il faut l’enrouler par fort vent. Il est mal taillé et l’axe des poulies des écoutes sont mal placées. Il fait des poches, même si le bateau et vent arrière. C’est une manœuvre vraiment délicate en solitaire au-dessus de 18 nœuds de vent... Après une navigation de rêve, le soleil étant revenu, le catamaran mouille dans la baie de San Antonio Abad en début d’après-midi. Après ces quelques jours de mouillage, le dessalinisateur joue pleinement son rôle et fournit une eau douce de qualité qui offre un grand confort à bord. Babou est tout excité, encouragé qu’il est par Christophe, qui n’arrête pas de jouer et de plaisanter. L’une des blagues favorites est de chambrer Lysiane avec une phrase type accompagnée des gestes adéquats ; « Lysiane, couteau, tout de suite !! » De fait, Babou se réveille plusieurs fois par nuit et réclame sa maman. Rêve ? Problème ? San Antonio est une bien triste station balnéaire avec ses bars à bière et sa clientèle britannique à la peau blanche. Ibiza, c’est vraiment soit le tourisme bas de gamme avec ses restaurants quelconques et des nuées de lieux publics pour boire et faire des fêtes alcoolisées, soit l’autre extrême avec des superbes habitations isolées sur les falaises en bord de mer pour y vivre en ermite. Oubliez les mouillages solitaires dans les calanques sauvages. Il n’y a vraiment que la vieille ville et le centre d’Ibiza qui soient branchés.

Mardi 17 septembre 2002

Grand beau. « Alizé »termine son tour de l’île en passant entre les îles Courjera, prend le passage des îles Vedra puis celui de Los Freus média, qui sépare Ibiza de Formentera. À 14h00, arrivée à la marina El Divido. L’accueil au secrétariat est tout sauf sympathique. La place n° 392 est attribuée. C’est ridicule. C’est une place réservée aux grands yachts. La pendille n’est pas adaptée à la petite taille du catamaran. Le bateau est amarré par le petit bout permettant de tirer cette pendille. La résistance n’a rien à voir. Il ne faudrait pas que survienne un coup de vent de face, le bateau taperait à coup sûr dans le quai. À 18h00, avec l’annexe, départ pour la vieille ville et ses bars, restaurants, boutiques. L’ambiance est absolument géniale. Bien à l’abri sous un grand parasol d’une terrasse, tout le monde se regarde et s’observe. Christophe et Jacques se régalent du défilé des filles. Après un allez-retour au bateau pour se doucher, retour à Ibiza et sa faune. Vivianne et Lysiane se laissent emmener au même restaurant que celui fréquenter lors du passage du mois de mai dernier. C’est vrai qu’il est idéalement placé le long d’une des ruelles piétonnes pour observer la faune humaine. Ce ne sont pas les mêmes filles, mais elles sont tout aussi belles et parfois excentriques. À 23h00, Lysiane, Babou, qui dort depuis longtemps dans sa poussette, et Jacques retournent au bateau. Vivianne rentre à 04h00. Christophe à 07h00 du matin après avoir été à la fameuse discothèque « El Divino ». dont le prix d’entrée est fixé à 30 Euros !!

Mercredi 18 septembre 2002

Deuxième nettoyage de suite du catamaran après les pluies de sable jaune. Après le froid du matin, il fait très lourd. Vivianne et Lysiane s’occupent du ménage intérieur. Babou et son papa s’en vont visiter la vieille ville et la cathédrale perchée sur la colline. En chemin, ils constatent l’état de décadence de la cité, avec des endroits plus que douteux dès qu’ils s’écartent des ruelles commerçantes. Seringues à terre, drogués qui se piquent, discothèques homosexuelles, etc. à Ibiza, rien n’est prévu pour les loisirs des enfants. C’est bien triste. Dans la soirée, tout le monde se déplace au restaurant et à la table favorite des mâles, avec le spectacle garanti. Le long des ruelles et des boutiques, les uns achètent un maillot de bain, des CD, les autres un ensemble jupe-chemisier romantique écru avec ceinture de cuir qui va à merveille à Vivianne. À 23h30, tout le monde retourne au bateau à l’exception de Christophe, bien sûr, qui veut découvrir l’ambiance de la discothèque « Le Pacha » dont la renommée n’est plus à faire. Jacques a renoncé à cette sortie pour ne pas avoir la tête dans le c.. les jours suivants !!

Jeudi 19 septembre 2002

Christophe est rentré à 05h30, gavé de vie nocturne pour un certain temps. Depuis 03h00, Babou a rejoint ses parents dans leur cabine. Ça devient une habitude, malgré le fait que cela va mieux avec Lysiane. Finalement, la traversée sur les Canaries se fera à 3 adultes. Hélène a renoncé à rejoindre « Alizé », car elle vient de trouver une place de travail intéressante pour deux ans au consulat de France au Chili. L’équipage se prépare au départ pour Formentera. Derniers nettoyages, avitaillement et achat d’un splendide hamac et d’une peinture à huile représentant la citadelle d’Ibiza. Après avoir réglé la facture de la marina (68 Euros par jour), c’est le départ pour la crique d’Espalmador. Des navigateurs rencontrés ont comparé cette endroit aux eaux turquoise des Caraïbes, il ne faut quand même pas exagérer. Mais c’est vrai que la baie est belle avec des eaux claires et une longue plage de sable blanc sur laquelle se prélassent de nombreux naturistes, dont certains vont se tremper dans la boue verte des marécages avoisinants. C’est très drôle à observer, sauf pour Babou qui a toujours aussi peur des déguisements ou des clowns !! Dès la fin de l’après-midi, il n’y a presque plus personne sur la plage et toute la famille en profite pour faire de longues baignades.

Vendredi 20 septembre 2002

Nuit parfaite. 10h30, départ pour Formentera, la marina de Cala Sabina. Le guide du Shom qui date de quelques années n’est plus à jour. Le mouillage devant le port n’est plus possible suite à la construction d’une digue supplémentaire. 11h30, Christophe emporte dans ses bagages le vieux PC portable du standard C pour réinitialiser les logiciels. Les enfants de Jacques le ramèneront lors de leur venue à Ténérife. Après une semaine bien active et variée Christophe prend le ferry de 11h45 pour Ibiza d’où il rentrera pour la Suisse. Pas le temps de souffler, à 12h30 c’est avec Andrée et Markus, les « Zurigos », anciens voisins de Bursins que la famille Gauthey a rendez-vous au bar de la capitainerie. Quel plaisir de retrouver ces amis. Retour au mouillage de la crique d’Espalmador, toujours aussi bondée. Il fait beau, chaud, que demander de plus. La météo annonce du vent d’Ouest pour demain. L’occasion de longer la côte Est d’Ibiza et d’aller mouiller dans la calanque de Cala Llonga.

Samedi 21 septembre 2002

C’est le premier jour de l’automne. « Alizé » rejoint Cala Llonga, distant de 14 miles, par vent arrière sous genaker. Il y a plusieurs bateaux au mouillage et le vent souffle en rafales. La météo annonce un coup de vent d’Ouest dans le golfe du Lion pour Dimanche et Lundi. Un fort courant d’ouest s’installe dans la zone, qui pourrait empêcher le catamaran de rejoindre Gibraltar ces prochains jours. En attendant, Babou se régale à la plage avec sa fameuse baleine. Soirée cartes avec les « zurichois » qui apprennent vite à jouer au « barbu ». Vivianne régalent son monde d’un succulent repas, côtelettes, légumes et purée.

Dimanche 22 septembre 2002

Il fait beau, le vent d’Ouest est bien là. 25 nœuds dans le nez pour revenir sur Ibiza, mais avec une mer sans vagues. Andrée, dont c’est le baptême supporte sans problème le trajet jusqu’à la plage située au Sud de la ville. Le catamaran mouille par 2,8 mètres, à 200 mètres du rivage, devant la Tour de Sal Rossa, une des innombrables tours vénitiennes qui ont été construites à l’époque aux Baléares et dans la plupart des îles de Méditerranée. C’est là que le Club Med s’est installé à Ibiza. La plage est magnifique et l’équipage débarque pour se mêler aux « gentils membres » du Club. À 15h00, en pleine sieste, un choc sourd. Encore traumatisés par les souvenirs de Croatie, Jacques et Vivianne se précipitent dehors. C’est un petit catamaran du Club Med, style hobby cat, qui vient de percuter de plein fouet la coque tribord. Le couple à bord est incapable de diriger le voilier et ne maîtrise plus la situation. Résultat, une longue rayure le long de la moitié de la coque. Le gars est désolé, s’excuse. Jacques n’en crois pas ses yeux, il est furieux. De suite, en annexe, il débarque au club et fait part de l’accident aux « gentils organisateurs ». De responsables en responsables, il fini par rencontrer le chef du village. L’accueil est prévenant et dès le retour du gestionnaire administratif, une déclaration de sinistre est mise sur le papier. C’est vrai que le dommage n’est pas si grave. Un bon coup de polis et il n’y paraîtra plus. Mais tout de même, la responsable des sports vient faire des photos. Finalement, la négociation se termine par une invitation pour tout l’équipage au repas du soir au restaurant du Club Med. Soirée buffet, remarquable comme toujours au Club Med. Lysiane, Andrée et Markus, qui n’ont jamais été en vacances au Club ne sont pas déçus et se régalent de poissons et de pâtisseries. Tout ce qu’il n’est pas facile d’avoir à bord. Pour le reste, à part la gentillesse des G.O., le Club est bien triste, à l’image du début du spectacle qui suit le repas. De plus avec l’aéroport à moins d’un kilomètre, le bruit est assuré jour et nuit.

Lundi 23 septembre 2002

Persistance du courant de Nord-Ouest avec des vents de force 4 à 6, voire 7 dans la mer d’Alboran et la zone de Palos. Difficile d’imaginer un départ dans ces conditions. Monaco Radio ne peut pas donner une tendance pour les prochaines 48 heures. Snorkling pour les enragés Lysiane et Markus, piscine du Club Med pour Babou et sa baleine. 11h30, c’est l’heure de ramener les « zurigos » à Ibiza où il faut se quitter après avoir ravitailler en fuel. Jacques et Vivianne détestent de plus en plus ces départs qui font pleurer. Merci de votre amitié et sûr à l’année prochaine. À Ibiza, rien n’est gratuit. Pour faire de l’eau à la marina, il faut prendre une place d’amarrage pour quelques heures au tarif de 10 euros. On ne prête qu’aux riches !!! 16h00, départ. Vivianne voudrait bien retourner devant la plage du Club Med, mais le vent a tourné Est, alors qu’il est annoncé Ouest. La plage n’est pas du tout protégée dans ces conditions. Pas convaincu, Jacques se plie aux désirs de sa femme. 18h30, le temps se met à l’orage. De gros cumulus se forment. Par deux mètres de fond, la houle est tout de suite sensible. Un gros orage est visible au loin, sur le Sud-Est. Jacques se dit qu’il n’aurait pas fallu être là. À 20h00, alors qu’il fait presque nuit, il décide de lever l’ancre pour aller s’abriter dans l’avant-port d’Ibiza, bien protégé des vents d’Est par la nouvelle digue en construction. La houle est bien formée, les éclairs grondent, « Alizé » fait cap sur le phare d’entrée pour être sûr d’éviter les îlots qui entourent la rade. Sensibilisé par les événements de Hvar, Jacques angoisse, à tord, Vivianne le ressent, ce n’est pas bien. À 21h00, le catamaran est mouillé à l’abri par 12 mètres de fond et 50 mètres de chaîne. La météo n’est pas bonne pour demain. Le bateau est bloqué à Ibiza. Les éclairs déchirent la nuit.

Mardi 24 septembre 2002

Il fait froid ce matin, 15°C. La météo annonce le comblement de la dépression entre la Corse et l’Italie. Un peu de vent de Nord-Ouest sur Cabrera, puis du vent variable sur Palos et Alboran. C’est décidé, il faut profiter de ces conditions pour partir. C’est parti à 10h30, avec de gros nuages d’orage à l’Est, mais un ciel dégagé sur la route à l’Ouest. Après le passage de Los Freus avec une grosse houle, le vent s’établi au 270°, 10 à 15 nœuds. Au pré, voiles – moteur, « Alizé » fait cap au 232° à 7,5 nœuds. 14h00, arrêt des moteurs, le vent est au 300° - 310°. Il faut tout le temps régler les voiles, mais la vitesse se maintient entre 5 et 7 nœuds par une mer agitée par le coup de vent en cours dans le golfe du Lion. 16h20, malgré les réticences de Jacques envers le genaker, celui-ci est envoyé. La vitesse monte à 8 nœuds, tout va bien. 19h00, c’est fin, le vent est tombé, retour aux moteurs. La houle est telle qu’il faut affaler la grand-voile et fixer la baume pour l’empêcher de battre. Babou est adorable, il a fait deux siestes aujourd’hui. Il pose plein de questions, écoute la météo (favorable, même si la houle croisée est toujours là) et fait de grands progrès dans ses dessins. La nuit est claire avec la lune décroissante. Jacques fait le 1er quart jusqu’à 00h30. rien à signaler.

Mercredi 25 septembre 2002

Vivianne fait son quart jusqu’à 02h30 et Jacques reprend la relève. 05h00, passage du Cap de Palos, toujours au moteur, avec une longue houle croisée, sans vent. Lysiane assure le dernier quart à 05h30. attention, le bateau est sur la route des cargos, ça n’arrête pas. 09h15, météo avec Monaco Radio, la fidèle. Toute la zone espagnole connaît des vents variables 2 à 4, c’est-à-dire nuls. Après une belle nuit étoilée, le ciel est entièrement couvert, tout est gris. Vivianne et Babou dorment jusqu’à 09h45. la journée passe tranquillement, au moteur et genaker. Tout ce qui est pris est bon à prendre. Le soleil réapparaît, apportant une chaleur bienvenue. 18h30, passage du Cap Gata, le bateau entre dans la mer d’Alboran. Toute la journée, les vents portants de 8 à 10 nœuds ont permis d’avancer à 7,5 – 8 nœuds. Au droit du Cap, la vitesse tombe à moins de 6 nœuds, bonjour les courants. 20h30 ; ça y est, le radar tombe en panne. Jacques en a marre, il fait le point des problèmes techniques à bord. 1) faux contact sur le feu de navigation avant. 2) Embrayage du sail-drive bâbord qui fonctionne une fois sur deux. 3) Panne de radar. 4) Mauvaise qualité de courant 220V du générateur qui charge mal les batteries et ne permet pas d’utiliser la machine à laver le linge. 5) Le standard C ne fonctionne pas avec le nouveau PC envoyé par Jean-Claude Chardon. 6) Jean-Georges Bordes doit 12'000 euros à Jacques. Pour un bateau neuf, c’est largement suffisant !!! Mer d’huile pour la nuit. Le catamaran fait une route parallèle à celles des cargos, il n’y a donc pas trop de danger. Jacques veille jusqu’à minuit.

Jeudi 26 septembre 2002

Lysiane assure le quart jusqu’à 02h00, Jacques reprend jusqu’à 04h00, puis Vivianne veille jusqu’à 06h30. Elle manœuvre toute seule, rentre et sort le génois, règle les voiles, bravo !!! il fait 16°C ce matin, avec une humidité de 100% on se croirait en mai. C’est vrai qu’il a neigé à 1000 mètres en Suisse. Il y a des dauphins partout, mais ils viennent peu jouer devant le bateau. Peut-être est-ce la saison des amours ? à 18h00, une brise de face se lève, « Alizé » est à 6 miles de la pointe Europa, donc de Gibraltar. L’heure est juste avant la marée haute, aïe, il s’agit d’éviter les courants contraires qui peuvent atteindre 3 nœuds. Moteurs à 2'750 tours/minutes, la vitesse ne dépasse pas 6,5 nœuds. 19h30, ouf, après 392 miles de navigation, c’est l’amarrage au quai de l’immigration. Les « rosbifs » sont toujours aimables et distingués. 20h00, la place à la marina est prise, tout à proximité de la capitainerie. Au même moment arrive un voilier nommé « Akka », le même que celui de la famille de la petite fille Chanelle, futurs participants au rallye. Mais le pavillon est américain, ce n’est pas eux. Par contre, les Gauthey font rapidement connaissance avec « Carpe Diem », un catamaran Privilège 42 et Gino et Alexandra, un couple italien qui feront le rallye. Rendez-vous est pris demain pour l’apéritif. Après 3 jours de mer, un repas au restaurant et d’énormes steaks est apprécié à sa juste valeur. La livre sterling vaut environ 1,5 euros, soit 2,25 CHF.

Vendredi 27 septembre 2002

Réveil dans un environnement typiquement anglais avec un brouillard matinal. Les escales, c’est l’occasion de prendre les contacts nécessaires pour faire part des problèmes techniques qui se posent à bord. Jacques multiplie les téléphones à François Picot, service après vente de Lagoon, à Jean-Claude Chardon et Jean-Georges Bordes pour le radar, ainsi qu’à Yanmar France, M.Rousset pour les moteurs. Jean-Claude va faire envoyer un nouveau radar par le fabricant Furuno. Jean-Georges ne fait rien si ce n’est m’envoyer une reconnaissance d’avoirs. Le bureau du fabricant du générateur est fermé pour cause d’inventaire. Pour sa part, Jacques se renseigne des modalités pour renvoyer par la poste le PC portable à Jean-Claude. La visite de Gibraltar vaut vraiment le détour. La rue principale, Main Street, dégage une atmosphère extraordinaire, elle est envahie de monde. Dès 11h00, le soleil est de retour, Babou part revoir les singes sur la montagne avec Vivianne et Lysiane. Dans l’après-midi, arrivée d’un voilier français « Victoria » avec 3 enfants à bord. Vivianne se dépêche d’aller leur dire bonjour. Alain et Patricia viennent de Marseille, ils vivent depuis 1988 à bord avec 2 garçons de 7 et 5 ans et une fille de 11 ans. Ils sont aussi en route pour les Antilles. Les rencontres se multiplient avec Bernard, un genevois lui aussi sur la route des alizés. On entre vraiment dans le vif du sujet. Fini les charters et les bateaux de location. Ici c’est les propriétaires, les globes-flotteurs comme on les appelle, qui sont à bord. Vivianne est tout excitée par ces rencontres.

Samedi 28 septembre 2002

Toujours le smog matinal. Heureusement, il y a encore un chauffage à bord. Pour améliorer le tout, il pleut. C’est la journée des achats divers et du matériel de réserve pour le bateau chez les shipchandlers. Jacques se fait envoyer de guichet en guichet pour pouvoir poster le PC portable à Jean-Claude en France. Les rencontres de gens du voyage n’arrêtent pas. Pierre et Catherine, des Suisses qui participent au rallye des Îles du soleil sont arrivés hier. Babou se retrouve avec plein de copains et copines, Loïc le fils de Bernard, Eva la fille de Florence et Arnaud, des Français en route pour les Antilles sur leur petit catamaran « Tabou », un « Prout » de 10 mètres. Vivianne retrouve son premier rôle de « radio ponton » et Jacques avance dans la mise au net des news. Chacun organise son apéro.

Dimanche 29 septembre 2002

Ce matin, le brouillard est partout. Une menace de coup de vent sur le détroit est annoncé pour mardi. Journée grands nettoyages intérieur et extérieur. Force est de constater qu’à proximité immédiate de la piste de l’aéroport, les bateaux reçoivent leur dose de kérosène. C’est sans compter sur la pollution rejetée par les cheminées des raffineries de pétrole installées aux alentours. Dans la soirée, Alain, Patricia et leurs 3 enfants viennent à bord. Apéro, repas. Il y a largement la place pour 9 dans le carré d’ « Alizé ». c’est super. Toute la nuit, le vent d’Est souffle en fortes rafales.

Lundi 30 septembre 2002

Toujours couvert. Le coup de vent est confirmé dans les 24 heures. Les travaux à bord débutent enfin. La société « Sheppard », représentante de la marque du générateur « Penda », vient contrôler l’installation. Il s’avère que le courant 220V est fourni avec une fréquence de 47,5 Hz au lieu des 50 Hz standard. Ceci explique certainement pourquoi certains équipements, tels que la machine à laver, ne fonctionnent pas correctement. Une modification des condensateurs du circuit permet de monter cette fréquence à 49,5Hz. Cela suffit pour faire marcher la machine à laver. Les représentants Yanmar sont aussi à bord pour un service complet des moteurs et des sail-drives. Vidanges et changements des filtres de fuel et d’huile. La société « Electromed », représentante de « Furuno » est prête à installer le nouveau radar dès réception. 2 problèmes sur 3 de régler. Voilà un « bon »jour, constructif, c’est assez rare dans le milieu maritime pour le souligner. Babou revient de balade avec un nouveau train électrique, un super pull et un ……bonnet !!! Apéro sur « Victoria » le bateau d’Alain. De retour au bateau, Lysiane joue au train avec Babou. Vivianne et Jacques vont faire des achats avantageux en raison de la zone de détaxe que représente Gibraltar. Vins, cigarettes. Certains vins espagnols sont exceptionnellement bons. C’est le cas du « Viva Mayor, de même origine que le fameux vin des rois, le « Vega Sicilia ». Un vrai bonheur qui se déguste le soir lors du repas pris en famille. Jacques apprécie ce moment d’intimité. Car les rencontres sur les pontons se poursuivent sans interruption. C’est génial, mais cela ne laisse plus le temps de rien faire.

Prochain chapitre

Les aventures en Méditerranée, c’est terminé !! On passe à l’Atlantique. L’entrée en matière est plutôt musclée avec un coup de vent à la sortie du détroit de Gibraltar où « Alizé » poussé par un vent de plus de 40 nœuds avance à 7 nœuds, sec de toiles !! Les 6 jours de traversée sur les Canaries seront bien agités avec une grosse houle de travers engendrée par les dépressions du Nord-Atlantique. L’escale de Ténérife permettra de faire connaissance avec l’ensemble des 27 bateaux participant au Rallye des Îles du Soleil. Une grande famille qui tient toutes ses promesses. Lysiane rentre en Suisse après 2 mois passés à bord et ses valises pleines de souvenirs. La télévision FR2 intéressée par tous ces changements de vie viendra filmer la famille Gauthey à bord d’ « Alizé ». Létitia et Sébastien rejoindront leur petit frère pour les vacances, arrivant en même temps qu’Aurore, la nouvelle jeune fille qui vient s’occuper du Babou. Et à fin octobre, ce sera le grand départ du Rallye pour une longue traversée de 900 miles sur le Cap-Vert, lieu de naissance des alizés, ces vents que la famille Gauthey sont venus chercher dans leur périple autour du monde.