Objectif-îles; les News n°25 septembre - décembre 2004

Les photos de la 2ème partie de notre séjour au Venezuela fin 2004

Croisière dans les îles Tortuga et Los Roques

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Vos hôtes
Le 15 septembre 2004, après 3 mois passés en Suisse et en France, nous retrouvons le cadre enchanteur de la Marina de Bahia Redonda à Puerto la Cruz. Nous louons le même appartement qu'en juin passé durant la semaine de préparation du bateau. à l'entrée de la Marina se situe la zone de levage des bateaux du chantier naval PR Yacht Service C.A. que dirige Pierre un des nombreux Français établi depuis longtemps au Venezuela. Pour 2'450'000 bolivars (1'000 US $) nous sortons le catamaran sur un chariot, faisons faire l'anti-fouling (peinture fournie à part) et le polish, changeons nos hublots de survie, le tout en 5 jours.
Le 28 septembre 2004, après avoir fait un gros avitaillement, nous quittons la Marina pour entamer une croisière de 1 mois aux îles de Tortuga et de Los Roques. Notre premier mouillage à Islas Arapos se situe à proximité de la côte parmi les nombreuses îles qui protègent le littoral. La météo est bonne. Peu ou pas de vent, mer calme. Soleil le matin et de la pluie dans l'après-midi ou en soirée. Très chaud et humide. Les moustiques se régalent. Benjamin est tout heureux de retrouver son Alizé et les copains des autres bateaux. Tout juste passé 5 ans, il réussit 2 démarches importantes pour lui; le début de l'école du CNED en grande section maternelle et la suppression d'un jour à l'autre de ses lolettes, ces horribles "su-su".
L'Île de Tortuga
Tortuga se situe à quelques 50 miles au large, au Nord-Ouest de Puerto la Cruz. Île plate, pratiquement inhabitée, elle offre de magnifiques mouillages sur sa côte Nord. Le plus beau ici Playa Caldera De l'eau turquoise, du sable blanc, blanc, de la place tant que tu en veux. Seuls quelques petits avions viennent perturber cette quiétude le week-end pour déposer des Vénézuéliens aisés, le temps d'une baignade et d'un barbecue.
La plage est le paradis des enfants. Inlassablement, ils construisent, détruisent et inventent des jeux. Mais à 16h30 il faut quitter les lieux faute de quoi les no-nos, ces moustiques minuscules qui sortent du sable passent à l'attaque. Le bateau Laura. Claude et sa femme Marie ont inventé un nouveau jeu; l'ascenseur de spinnaker. Sensations garanties lorsque l'on décolle de l'eau poussé par le vent qui gonfle la voile. Grands et petits se sont régalés.
Les cabanes à Mancho. Ce très sympathique vénézuélien offre à des prix imbattables de vous cuire des langoustes ou des cigales de mer. Vous apportez votre pique-nique et tout le monde mange ensemble. Il semblerait que ce sont des Italiens qui aient financé les constructions qui n'ont pas souffert du passage bien proche du cyclone Ivan, il y a à peine 3 semaines. Par contre les fonds sous-marins ont été brassés, le corail et les algues arrachés, ce qui explique peut-être l'invasion de moustiques, même sur les bateaux, et l'absence de langoustes.
Les cigales de mer. Sans antennes, avec une carapace lisse et douce. Un vrai délice plus fin encore que la langouste. Les pêcheurs les ramassent au filet et dans les casiers par 20 - 25 mètres de fond. À notre avis aussi en plongée bouteille. 15'000 Bs/Kg (5 euros) contre 25'000 Bs/kg (8 euros) pour les langoustes. On aurait bien tort de se gèner. Mais les cigales sont bien plus rares. Mancho à gauche partage le repas avec nous tous dans son "restaurant". Au premier plan Marie et Claude du bateau Laura. Nous avons eu la chance de manger 2 fois ici, des cigales et des langoustes.
La météo est parfaite en ce mois d'octobre. Soleil, soleil. Loin du continent, les passages de grains sont quasi-inexistants. Seuls des orages ponctuels se développent en soirée à la pointe Ouest de l'île suite à l'accumulation de chaleur de la journée. Un festival d'éclairs très dangereux pour les bateaux qui mouillent à proximité. Hervé et Mary et leur 3 enfants, sur leur catamaran Tom Neal, nous ont rejoints pour quelques jours. Ensemble nous organisons l'un des rare barbecue sur la plage. Sans ombre, puisqu'il n'y a pas d'arbres, il fait trop chaud à midi. Et le soir, la présence des moustiques rend la chose impossible.
L'Archipel de Los Roques
Après 8 jours passés à Tortuga, nous rejoignons Los Roques, 85 miles plus à l'Ouest. Une navigation de nuit sans soucis. Vents faibles, mer calme. Au matin on entre dans le lagon par la passe de Boca de Sebastopol au Sud-Est de l'archipel. Une entrée en matière délicieuse qui nous permet d'apprécier le jeu des couleurs de l'eau avec les fonds de sable blanc et les pâtés de coraux.
Le premier mouillage, Buchiyaco, juste 2 miles après l'entrée dans le lagon. En tout, nous ferons 7 mouillages différents aux Roques. Celui-ci est sans doute l'un des plus beau avec Carenero et Cayo de agua. Mais finalement, tous se ressemblent. Une barrière de corail, un îlot plat recouvert de mangroves, des eaux turquoise et parfois une petite plage. Plus encore qu'à Tortuga, tout se passe ici sous l'eau. Nous n'avons jamais vu des eaux aussi poissonneuses, des troupeaux de poissons-perroquets gros comme des veaux, avec des langoustes énormes que l'on peut observer à moins de 3 mètres de profondeur le long de la barrière de corail. La raison vient sans aucun doute du fait que la pêche locale est fortement réglementée et qu'il y a malgré tout peu de plaisanciers.
Poissons ou langoustes, la récompense est bien là. En passant la moitié de la journée à chasser, nous avons pu manger chaque jour du frais, apprêté de toutes les manières possibles. Le 8 octobre 2004, Jacques fête ses 51 ans. Carpaccio de filets de red snappers, quiche aux langoustes, gâteau au chocolat. C'est la fiesta culinaire.
Des parcours rapides entre les mouillages, en général moins de 10 miles de distance. Un slalom entre les hauts fonds et les pâtés de corail. Pas toujours évident, surtout par temps couvert. El Gran Roques. L'île principale, la seule qui permet d'escalader les collines pour avoir une vue d'ensemble. Mouillage par 2 mètres de fond, juste devant le village.
Le village aux rues de sable est coloré et parfaitement propre. Près de 60 posadas accueillent les riches vénézuéliens qui viennent passer leurs vacances ici.
Le village est parfaitment approvisionné en épiceries, mais les prix font penser à un St.Tropez vénézuélien. Une glace vaut 5'000 Bs (2,50 CHF), un repas vaut 50'000 Bs (20 US $). Les habitants bichonnent les touristes, mais ils ont perdu leur spontanéité. Ils sont distants, froids et ne disent pas bonjour. Un autre Venezuela.
Des dizaines de "lancia", les taxi-boats et les barques de pêche sont amarrés le long de la plage. Ils attendent les touristes pour les transporter sur d'autres îles habitées ou sur les plages alentour. à quelques centaines de mètres du village, l'aéroport reçoit chaque jour une dizaine de vols réguliers. En toute simplicité, les arrivées ou départs se font dehors, dans le sable. Pas d'horaires annoncés, ni de listes de passagers.
Sur les bateaux, les oiseaux s'installent rapidement. Les colonies sont nombreuses, principalement les pélikans. Létitia, la fille de Jacques, rejoint Alizé depuis la Suisse. Un vrai parcours du combattant avec une escale à Caracas et la suppression de sa correspondance pour Los Roques qui l'oblige à passer une nuit seule dans la capitale. Heureusement nous avions prévu un accueil et une assistance sur place. Et tout c'est finalement bien passé, même si elle n'est pas arrivée dans l'avion prévu le lendemain. Angoissant.
Avec Létitia qui est avec nous du 11 au 22 octobre 2004, nous quittons Gran Roques pour le mouillage de Noronquises, puis celui du lagon de Carenero à une dizaine de miles à l'Est. Toujours beau et très chaud. Les moustiques nous gâchent la vie. Sur la bande de sable de Carenero vit Ezéchiel, un vieux pêcheur solitaire. À ses côtés, un autre pêcheur paraissait gravement malade de l'estomac. Nous lui avons apporté les médicaments adéquats de notre pharmacie. En contrepartie, Ezéchiel nous a cédé 10 litres d'essence pour notre annexe.
Les fonds marins sont les plus poissonneux que nous ayons vu à ce jour. Barracudas, mérous, vivanneaux, perroquets, langoustes ou raies. Le spectacle est garanti et le ravitaillement aussi. Le mouillage de Cayo de Agua. La destination la plus à l'Ouest des Roques. Les premiers occupants des îles, les Indiens d'Amérique du Sud se sont établis ici en trouvant de l'eau douce en creusant des puits sous le sable de l'île.
Le bonheur de pouvoir préparer de la viande et en particulier le filet de boeuf, le "lomito" vénézuelien. C'est grâce à Tom Neal, qui nous a rejoint depuis Puerto la Cruz, en nous apportant du ravitaillement. Le 21 octobre 2004, juste avant le départ de Létitia, nous fêtons son anniversaire, 19 ans. C'est la fête sur Alizé. Mais c'est aussi un départ bien triste. Trop courtes ces 2 petites semaines à bord.
Une des grosses prises au fusil sous-marin. Un barracuda qui se défend avec vigueur en essayant de fuir. Attention à ne pas se faire emporter. Durant les deux derniers jours de notre séjour, nous avons la joie de retrouver nos amis navigateurs de Paganini et Akka qui reviennent de Bonaire où ils ont passé plusieurs semaines. Cela faisait bien longtemps qu'on ne c'était plus vu.
La boucle est bouclée. Nous voilà de retour à Boca de Sebastopol. Prêts pour partir directement sur Puerto la Cruz à 150 miles où Claude le papa de Vivianne nous rejoindra le 1er novembre 2004. Nous venons de passer 15 jours aux Roques, largement suffisant pour faire le tour de cet archipel magnifique, mais monotone où les moustiques nous ont vraiment gâché une partie du plaisir. Lorsque la canne à pêche fait bzzzzzzzzz, c'est l'excitation sur Alizé. Babou en particulier n'en peu plus de gesticuler. "Papa, papa, un poisson". Mais lorsqu'on a vu sauter le dit-poisson hors de l'eau, on a cru avoir attrapé une baleine. 30 minutes de lutte pour le ramener, la poignée de la canne qui casse. Enfin sur la jupe arrière, un énorme marlin bleu qui succombe après une bonne rasade d'alcool à brûler dans les branchies. Ouah quelle pêche !!
Cette croisière d'un mois en octobre 2004 dans les îles de Tortuga et des Roques nous aura gavés de soleil en découvrant un milieu sous-marin encore particulièrement préservé. Jamais nous n'avons vu autant de poissons et de crustacés. Les eaux turquoise étaient très belles, mais certainement que le cyclone Ivan de septembre 2004 a laissé des traces en brassant l’écosystème. Si les moustiques nous ont empêchés de profiter pleinement des îlots, l'anxiété grandissante de Jacques relative au mauvais fonctionnement de l'embrayage bâbord trouve à l'obsession. Un état d'esprit perturbé qui s'est répercuté sur la famille et qui a aussi fait que nous n'avons peut-être pas apprécié à sa juste valeur ces îles préservées. Mais pour combien de temps encore.

Arrivés le 25 octobre 2004 à Puerto la Cruz à la Marina Bahia Redonda, c'est avec une certaine fierté que l'on offre notre marlin bleu de 1,70m pour 50kg aux employés de la marina, sûr que tout le monde en aura un bout. Un record qui va être difficile à battre sur Alizé. Et dire qu'il existe des poissons pareils mais qui font 350kg pour plus de 4m de long......