Objectif-îles; les News 35 avril - octobre 2006

Les photos de notre escale aux Tuamotus juin 2006

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L'Archipel des Tuamotus, qui s'étend sur des milliers de km2 entre les Marquises et Tahiti, est constitué d'atolls au raz de l'eau qui ont créé autant de lagons plus beaux les uns que les autres. Dans ces atolls, qui sont les plus anciens de toute la Polynésie, tout se passe au niveau de l'eau et en dessous. Des coraux encore intacts de toute beauté et des eaux exceptionnellement poissonneuses aux alentours des passes qui relient l'Océan aux lagons. Avec les effets de marée et de la houle principale du Sud, le niveau de l'eau varie entre l'Océan et l'intérieur des lagons. Cette différence créée des courants, principalement sortants, au droit des passes qui peuvent atteindre 4 à 7 nœuds et forment un mascaret (vagues créées par des différences de niveau et des courants opposés) impressionnant que l'on est obligé de traverser en entrant dans la passe avant de trouver le calme du lagon. Si on tient compte encore des patates de corail et des élevages d'huîtres perlières dans les lagons et des accélérations de courants dans l'Océan entre les atolls, il faut convenir que les Tuamotus ne sont pas un endroit rêvé pour les navigateurs qui doivent être en permanence vigilants.
La Passe Tairapa sur l'atoll de Manihi. Le 7 juin 2006, c'est notre première escale aux Tuamotus. 490 miles au Sud-Ouest des Marquises. Avec nos amis de Toccata, nous faisons nos premières expériences d'entrée et sortie des passes qui peuvent ressembler à de véritables fleuves.
Sortie de la Passe de Tairapa à Manihi. Avec le courant sortant, nous filons à plus de 10 noeuds, moteurs au ralenti. L'estimation des heures d'étales est importante pour minimiser la force des courants et pour assurer la meilleure des sécurités.
Une fois passé le seuil des passes, on retrouve le calme à l'intérieur des lagons. Mais un autre danger guette les voiliers. Les patates de corail qui affleurent de l'eau sont pratiquement présentes partout. Il faut slalomer entre elles pour éviter de talonner. Impossible de naviguer sans lumière. Au mouillage, ici celui de Manihi, il est courant de mouiller par 18-20m de fond. Le pourcentage de chance de voir la chaîne se coincer autour d'une patate est énorme. Ce sera notre cas et un plongeur du village devra intervenir pour nous dégager. L'atoll de Manihi n'a aucun intérêt particulier pour les navigateurs. Heureusement, nous sommes 3 bateaux ensemble. C'est l'occasion de faire la fête quand les conditions sont mauvaises. C'est le cas où pendant plusieurs jours nous avons eu énormément de vent.

Lucie et Roger de Catimini. Frédérique, Christian et Gérard de Toccata.

Une sacrée équipe qui s'amuse. Cela permet aussi de se détendre et d'oublier un peu les soucis de navigation et de mouillage. Benjamin notre oiseau de nuit. Il grandit et poursuit tous les matins ses cours du CNED. Pas facile lorsque l'on découvre de nouveaux endroits si régulièrement.
Le 13 juin 2006 à 14h00, entre 2 grains. Avec Catimini, nous traversons le mascaret dans la passe Reiauni de l'atoll de Ahe. De l'extérieur, nous avons l'impression de foncer sur des hauts fonds. Les vagues déferlent tout autour de nous. C'est pourtant bien là qu'il faut passer. Jet d'adrénaline garanti.
Retour au calme dans le lagon de Ahe. Il faut traverser tout le lagon, encombré d'élevages d'huîtres perlières, sur près de 6 miles pour arriver au mouillage devant le village. La zone favorable pour mouiller n'est pas grande, nous nous retrouvons rapidement pas 14m de fond en évitant les inévitables patates de corail.
L'atoll de Ahe est magnifique. Seules les fermes perlières sur pilotis se répartissent autour de l'atoll.
Le cocotier, un arbre magnique. Tu tresses les palmes, tu fais du feu avc son bois et les noix de coco. Les fibres de coco permettent de tisser, de faire des cordages et protègent des moustiques autour du feu. Avec la noix, on récupère de l'eau, du lait et on fabrique l'huile de copra. Avec les jeunes pousses, on peut déguster la tige tendre ainsi que l'intérieur de la noix de coco qui s'est transformée en une mousse blanche. Il y a des dizaines de fermes perlières à Ahe. Certaines ont jusqu'à 120 ouvriers, souvent des asiatiques, qui sont nourris logés sur place. Nous visitons la ferme d'Augustin, un habitant du village.
Les ouvriers nous accueillent, chaleureux comme tous les habitants d'ici. Ils sont en train de grouper les petites huîtres récoltées à partir des collecteurs. Une fois fixées sur le bout tressé de fibres de coco les huîtres sont mises à l'eau par 7m de fond fixées à des bouées. On en voit des milliers dans le lagon. Un an plus tard elles auront la taille pour recevoir une première greffe. Une petite bille faite à partir des bénitiers, ces coquillages que l'on voit partout ici encastrés dans les patates de corail. Il se peut que l'on procède à 2-3 greffes successives pour obtenir des perles de 10mm. En tout l'opération prend près de 2 ans et demi. 10% des perles sont parfaites et peuvent se vendre jusqu'à 500 US$ surtout en Asie à Honk-Kong.
La femme d'Augustin nous présente une collection de perles de peu de valeur, entre 1 et 5 US$ la perle. Mais pour nous, nous voyons difficilement la différence. Nous ferons un bracelet pour le souvenir. Le Dory, cargo de ravitaillement que nous avons déjà vu à plusieurs endroits. Ces marins font un travail remarquable pour ravitailler les atolls. C'est chaque fois la fête à son arrivée sur la place du village.
Ballade sur la barrière de corail, face à l'océan. Benjamin chasse avec son petit fusil, mais il y a pas mal de courant et les coraux sont coupants. Les habitants chassent la nuit, par marée basse, pour attraper les langoustes qui remontent à la surface sur la barrière. 2 véritables crabes de cocotiers. énormes, de couleur bleue. Ils sont attachés par des fibres de coco. Leurs pinces sont capables de vous couper un doigt d'un coup. Rares, ils sont hors de prix; 15 US$ la pièce.
Cuits 15min au court bouillon ou à l'eau de mer, les crabes retrouvent la couleur rouge des crustacés. Nourris exclusivement de noix de coco, la chair du corps a un goût prononcé de foie gras. Les pinces sont bonnes mais vraiment trop grasses. Le 17 juin 2006. C'est l'anniversaire des 50 ans d'Eric, un habitant du village. Proche de certains navigateurs, il a invité tous les bateaux au mouillage. Le soir nous nous retrouvons près de cent personnes chez lui avec les habitants du village et les enfants. Chacun a amené un cadeau ou un gateau.
Une cinquantaine d'enfants locaux se mèlent aux jeunes navigateurs. Eric, veuf depuis 3 ans, oublie sa mélancolie le temps d'une soirée. Jean-Claude, navigateur solitaire, partage le moment de joie d'Eric lorsque nous lui souhaitons tous un joyeux anniversaire. Merci Eric de nous avoir tous invité.
Lundi 19 juin 2006, arrivée devant la Passe d'Avatoru sur l'atoll de Rangiroa, 87 miles à l'Ouest de Ahe. Une navigation facile avec des vents et courants favorables. Nous avons choisi de pénétrer dans l'atoll par la Passe d'Avatoru bien que située plus à l'Ouest que celle de Tiputa au milieu de la côte Nord. cette passe principale permet aux paquebots de faire escale dans le lagon de Rangiroa, mais elle est réputée pour ses courants sortants extrèmement violents (plus de 10 noeuds) et des mascarets pouvant atteindre 2 à 3m.
Une fois dans le lagon, il nous faut une heure pour remonter au vent à l'Est pour arriver au mouillage principal devant l'hôtel Kia Ora. Un mouillage sans souci pour une fois. 12m de fond sur du sable à bonne tenue. Bien protégé à l'exception des vents du Sud. Rangiroa est le 2ème plus grand atoll au monde par sa taille. C'est sans doute l'un des plus beaux.
Oublié les soucis de mouillage. Nous profitons un max de notre séjour à Rangiroa. à commencer par les plongées bouteille au club des Six Passengers, juste en face du mouillage. Une ambiance formidable. Tout en confiance avec Serge son moniteur, Benjamin, 7 ans, fait son baptème de plongée dans le lagon. 3 fois, il plongera à 3 mètres de profondeur au milieu des bans de poissons.
Du 19 juin au 2 juillet 2006, c'est les vacances de plongée dans la Passe de Tiputa avec le Club des Six Passengers. Jacques passe son brevet du Padi Advenced. 7 plongées à thème dans un environnement exceptionnel.
La passe de Tiputa est un aquarium naturel. Un équilibre de la faune sous-marine qui nous permet de plonger au milieu des bancs de requins, des dauphins, des raies manta, des barracudas, des poissons tropicaux et des tortues.
Les requins dans la Passe de Tiputa se comptent par centaines. Pointes blanches ou noires, requins gris (photo), requins citron. Seul bémol, la mode du "shark feeding". Les clubs de plongée ou les organisateurs d'excursions amènent des déchets de viande ou de poissons au milieu des bancs de requins qui prennent vite l'habitude de dévorer ce qu'on leur offre devant nos yeux. De plus en plus téméraires et dépendants, il ne manquera pas d'arriver des accidents le jour où les requins auront faim.....
Nos amis du Club de plongée des Six Passengers. Une super ambiance pour des compétences au-dessus de la moyenne. De gauche à droite; Vivianne avec Serge notre moniteur préféré, Jacques, Pitou le directeur du Club, Fanny, monitrice et son ami, Roger de Catimini
Juste à côté du Club de plongée, la plage de sable blanc est bordée d'arbres qui offrent une fraîcheur bienvenue pour les barbecues de midi. Une institution que nous organiserons pratiquement chaque jour avec d'autres navigateurs et surtout Françoise, infirmière de 38 ans et son fils Samuel, 7 ans qui habitent la maison d'à côté. Samuel et Benjamin, inséparables. Une rencontre qui n'a pas duré assez longtemps. à bord d'Alizé ou chez Françoise, la maman de Samuel, que de bons moments partagés. Notre vie d'aventuriers nous oblige à aller de l'avant. Quelle tristesse lors de notre départ.
Nous passons aussi de bons moments avec notre ami Ottavio que nous croisons régulièrement depuis les San Blas et sa jolie fiancée Roche. À Rangiroa, les habitations sont concentrées entre les passes de Tiputa et d'Avatoru distantes d'une dizaine de km. Une route, toute plate, relie les villages entre eux avec un aérodrome bien desservi. Nous parcourons la zone en scooters. L'occasion de visiter l'unique propriété viticole de toute la Polynésie. Le domaine Dominique Auroy produit d'excellents vins à des prix de fous avec des chais dignes de ceux de Bourgogne. Une curiosité.
21 juin 2006, nous partons en excursion en speed boat au Lagon Bleu à 20 miles au Sud-Ouest à l'intérieur de l'atoll. Ces bateaux originaux et leur poste de pilotage avancé ont été spécialement conçus en Polynésie pour permettre au pilote de repérer les bancs de dorades coryphène et les harponner avec de grandes lances. Le Lagon Bleu, un lagon dans le lagon de Rangiroa. Une beauté surnaturelle, mélange de bleus et de verts.
Seuls au monde, nous découvrons les ilôts et les plages désertes.
les eaux limpides se marient avec les plages de sable rose.
La faune ne connait pas de prédateurs. les oiseaux nichent sans craintes, les raies nous passent entre les jambes.
Les colonies de bénitiers se ferment et s'ouvrent à notre passage, dévoilant leur variété de couleurs. Que la nature est bien faite. Si le tourisme reconnaît de plus en plus le charme et l'originalité des atolls des Tuamotus et de Rangiroa en particulier, l'équilibre de la nature laisse encore de beaux jours dans cet archipel préservé.
21 juin 2006, Bon Anniversaire Benjamin. 7 ans. Voilà bientôt 5 ans que tu es parti sur ton bateau Alizé. Que de pays visités et de souvenirs. Tu l'attendais avec impatience ta dent de requin, tu l'as eue, ainsi que bien d'autres choses qui sont arrivées jusqu'à Rangiroa. Nous te souhaitons que du bonheur.
C'est le coeur serré que nous quittons malgré nous Rangiroa et nos nouveaux amis le 3 juillet. Mais nous devons rejoindre Tahiti 206 miles au Sud-Ouest. Nos amis Stockhammer arrivent bientôt pour passer un mois sur Alizé en découvrant les Îles sous le Vent.